Analyse des systèmes dynamiques: l'apport de la formalisation "viabilité"
Aperçu de la théorie d'Aubin
Les commentaires d'Aubin: Notes de lecture sur "le démiurge"
Relations avec les sciences de la complexité: le point de vue de P.Allen
A savoir: Une autre approche de la viabilité
La notion de viabilité en halieutique
On reproche beaucoup aux modèles standards de la biologie de l'économie, de la démographie de raisonner à "l'équilibre". La notion d'équilibre, dans son acception physique ou mathématique, signifie état stationnaire d'un système, un état où la vitesse est nulle. L'équilibre représente donc un état où l'on ne bouge plus. Contrairement à la physique, les Sciences de la Nature et de la Vie, les Sciences Humaines, s'intéressent aux systèmes vivants, vivants et complexes. Pour les sciences biologiques et humaines, la dynamique d'un système s'éteint à l'équilibre, c'est la mort pour un système " vivant ". C'est l'existence même de cette différence perpétuelle d'avec l'équilibre, le " différentiel ", l'inégalité qui régit l'action et fonde la dynamique d'un système vivant. Sans doute faut-il alors d'autres mathématiques et un autre mode de pensée qui se libère de cette question de l'équilibre pour s'intéresser aux mécanismes des évolutions dynamiques. C'est la motivation de la théorie de la viabilité. (MH Durand)
Jean-Pierre Aubin, dans le domaine des mathématiques, a formalisé la théorie de la viabilité en 1991. En partant de la métaphore du principe de précaution, il préconise de définir l'ensemble des états dangereux et l'ensemble des états viables. Bien sûr, la frontière entre ces deux ensembles, selon les domaines étudiés peut être plus ou moins floue.
Aubin distingue pour tous les systèmes étudiés (et les macrosystèmes),
"Les rétroactions permettent de mettre en oeuvre le principe de précaution en associant à chaque état du système, le plus grand ensemble (éventuellement flou) de régulons viables". Parallèlement à cette variabilité des régulons, Aubin introduit le concept de niche de viabilité de chaque régulon, qui est "l'ensemble des états du macrosystème qui sont régulés par ce régulon lorsqu'il est maintenu constant". Dans cette optique, les évolutions viables d'un système sont qualifiées de "lourdes" lorsque le régulon associé à la niche de viabilité, évolue le plus lentement possible. C'est ce principe d'inertie qui permet de dévoiler les structures pérennes d'un système. Il s'oppose dans le domaine de la biologie, à la vision continue de l'évolution des espèces et corrobore la théorie des équilibres intermittents (dite aussi évolution en buisson): l'évolution "a tendance à rester constante et à ne se modifier que brutalement, en faisant foisonner pendant de brêves périodes de nombreuses espèces parmi lesquelles seules survivront celles qui se révéleront viables en fonction des contraintes" (le filtre de l'environnement). Ainsi, "en respectant le principe d'inertie, les régulons ne se mettent en mouvement que lorsque qu'une crise de la viabilité survient, et ce, jusqu'à ce que la viabilité soit rétablie et stabilisée". (pour des détails, voir la formation viabilité donné à Orléans).
Cette théorie permet de caractériser les contraintes de viabilité, de calculer le plus grand ensemble de viabilité, ainsi que les rétroactions du système qui maintiennent sa viabilité.
La relation entre l'"approche système complexe" et "systèmes viable" n'est ni simple, ni directe parcequ'elle prennent leur origine de différentes cultures. La première à partir de la physique qui demande "comment l'évolution fonctionne ?", et la dernière à partir de mathématiciens demandant "qu'est ce qui doit être vrai pour la durabilité ?".
Le point fascinant est que l'évolution créé des systèmes adaptables qui semblent
capable de supporter des bouleversements (upheaval) extraordinaires, alors, clairement, les deux approches tendent
à converger sur des questions identiques et leurs réponses possibles. En d'autre mots, les propriétés
qui permettent à un système complexe de s'adapter à un quelconque changement brutal doivent
conduire à de nouveaux comportements et de nouvelles interactions qui sont décrites par de "nouvelles"
équations qui doivent remplir les conditions de "Viabilité".
L'analyse de viabilité des populations est aussi une méthode d'évaluation mathématique "pragmatique" de la durabilité de populations (voir exposé de Gary C. White, Professeur à Colorado State University). La viabilité y est définie comme: "la probabilité de ne pas avoir d'extinction durant un laps de temps donné (nécessité d'un horizon de temps)". Cette approche est largement utilisée (d'après les current contents) pour des évaluations opérationnelles de la dynamique de populations naturelles aux USA.
A propos des conditions d'applicabilité de la méthode; White indique:
... In summary, most estimates of population viability are nearly useless because one or more of the following mistakes or omissions are made in developing a model to estimate persistence :
Thus, as discussed by Caswell (1989), the model is likely not useful in forecasting (i.e., predicting what will happen), but is useful in projecting (i.e., predicting what would happen if conditions do not change). |