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Co-viabilité des systèmes halieutiques

Jean Le Fur, Philippe Cury, Francis Laloë, Marie-Hélène Durand et Christian Chaboud

Nature, Sciences, Sociétés, vol.7, no2,pp.19-32, 1999


Mots-clés : Ressources marines / Pêche / Gestion / Co-viabilité / Disciplines.


Résumé / Abstract
Note sur l'origine de la recherche

I. Introduction
I. Un exemple : la pêcherie d'anchois au Pérou
II. Inertie et viabilité des ressources
III. Diversités et adaptation
IV. Dynamiques globales et changements locaux
V. De nouvelles approches pour la gestion des pêches

Conclusion
Remerciements
Références

ENCARTS:

  1. La notion de viabilité en halieutique,
  2. "Obstinate Nature" ou le principe de l’éternel retour,
  3. Global et local; l’effet des marchés globaux dans les logiques d’exploitation,
  4. Les nouvelles approches de la gestion des pêches.

FIGURES

    1. Evolution des captures d’anchois au Pérou de 1950 à 1996,
    2. Evolution des sites de ponte de hareng en mer du Nord entre 1975 et 1992 (d'après Corten, 1993),
    3. Simulation de l’activité et des rendements d’une exploitation multi-spécifique, multi-technique,
    4. Evolution des prix mondiaux de la farine de poisson et des tourteaux de soja.


Résumé


La co-viabilité est présentée comme un modèle conceptuel des systèmes halieutiques visant à la définition d'une gestion pertinente des pêcheries marines.

Après un aperçu du contexte de crise dans lequel évoluent l'exploitation des ressources marines et les recherches scientifiques dans ce domaine, l’histoire récente de la pêcherie d’anchois du Pérou est présentée comme une illustration de l’imbrication complexe dans le temps des systèmes politique, écologique et économique. Nous présentons alors différents résultats de modélisation sur les interfaces environnement - ressources, ressources - exploitations et leurs dynamiques. Un exemple illustre les problèmes d’échelle (globale et locale) liés à cette thématique. Les modèles de gestion actuels et les principales alternatives sont enfin présentés.

Au delà d'un concept commun, l'approche en terme de co-viabilité cherche à établir quelles articulations permettraient un enrichissement mutuel de différentes connaissances et perceptions. Elle pourrait par exemple contribuer à concilier les visions conservatrice et productiviste qui s’affrontent actuellement dans le domaine marin. Haut de la page


Co-viability of fishery systems : Abstract


Nowadays one discerns more and more the limited character of marine resources. Besides this, the classical models in population dynamics and bio-economy did not show their operative character in managing these resources, most of them being actually in a chronic state of overexploitation. Co-viability is here proposed as a conceptual model of fisheries aiming to contribute to the definition of an applicable fisheries management.

We first present the crisis context in which evolves marine resources exploitation and scientific research (disciplinary point of view). Recent history of the Peruvian anchovy fishery exemplifies the complex overlapping of the political, bio-ecological, micro and macro-economic systems. We then present different results of dynamic modelling on interfaces such as (i) environment - resource where inertia appears to be a main driving force, (ii) resource - exploitation in which technical and biological diversity interact. An example on the pelagic market illustrates the problems of scale (global and local) bound to this thematic. We present and discuss the problem of fisheries management with respect to the standard bio-economic approach and the new alternatives.

Fishery systems are wholes (ecosystems, exploitations, markets, institutions, etc.) characterised by proper speeds of evolution and functional scales. Complex interrelations result from their specific diversity interaction (technical, biological) and the interdependence of their respective functional scales (global-local). Management of these systems proceeds a sector-based approach bound to a compartmentalised disciplinary knowledge. New conceptual settings have been proposed to deal with fisheries management according to different perspectives. Nevertheless, none, taken separately, appears to take the step on the other.

Beyond the common concept, the approach in term of co-viability looks for to establish what joints would permit a mutual enrichment of different knowledge and perceptions. It could for example contribute to reconcile the conservative and productivist visions that currently face themselves in the marine domain.Haut de la page


Note sur l'origine de la recherche


Ce travail est issu du programme " Co-viabilité des systèmes écologiques et économiques : approches modélisatrices en milieu marin" développé au sein de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD, ex Orstom) et financé par l'action incitative "Systèmes Écologiques et Action de l'Homme" (SEAH) du programme Environnement Vie, Sociétés du CNRS. Il regroupe des recherches en écologie, économie, modélisation qui abordent divers aspects de la dynamique des systèmes halieutiques dans les pays en voie de développement. Haut de la page

  1. Introduction

    1. L'avenir des pêches mondiales.

      A la fin du siècle dernier, la question du caractère limité ou illimité des ressources marines a donné lieu à un débat animé dont l’enjeu principal était l’accès aux ressources et la régulation des activités de pêche (Beverton et Holt, 1957). Il a depuis été admis que la productivité des mers n’est pas illimitée et de nombreuses tentatives d’estimation de son potentiel ont été régulièrement effectuées. D’après une révision faite par Pauly (1996), et bien que certaines estimations apparaissent parfois divergentes, les plus nombreuses et les plus sérieusement établies convergent toutes vers un potentiel global des pêches compris dans une fourchette de 100 à 150 millions de tonnes annuelles. Une révision récente faite par la FAO à la lumière des dernières statistiques mondiales propose un potentiel global des pêches qui serait de l'ordre de 120 millions de tonnes annuelles (Garcia, 1997)

      Entre 1950 et 1995, les captures sont passées de 19 à 100 millions de tonnes auxquelles on ajoute actuellement 30 millions de tonnes de prises accessoires rejetées en mer. Ce niveau d’exploitation, atteint depuis maintenant cinq années, est aujourd’hui considéré comme une limite. Il est aussi admis que les principales ressources ichtyologiques marines sont exploitées et que près de 60% d’entre elles sont, soit surexploitées, soit pleinement exploitées (Grainger et Garcia, 1996). La population humaine et la demande en poisson augmentent mais, après une phase de croissance continue, et, malgré de nouveaux investissements, les captures stagnent.

      Outre ces aspects quantitatifs, de récentes études en écologie marine constatent la perte de diversité génétique (e.g., Ryman et al., 1995) et la diminution progressive du niveau trophique des prélèvements par les pêches (Pauly, 1998) soulignant ainsi le caractère peut-être irréversible de cette évolution.

      Cependant, les interactions entre ressource et environnement sont maintenant mieux prises en compte et parfois mieux comprises. Elles incitent à relativiser quelque peu l’impact des pêches sur la fluctuation de certains stocks en considérant le pêcheur comme un prédateur parmi d’autres (mammifères marins, oiseaux) ou en soulignant la prégnance des facteurs climatiques sur les fluctuations de certaines ressources (Crawford et al., 1989, Bakun, 1997)

      Ces problèmes de limites et de pérennité des ressources marines et de leur exploitation apparaissent globaux. Ils engendrent le besoin de considérer avec une attention accrue les irréversibilités éventuelles des peuplements naturels (Pauly, 1997) et leurs conséquences en terme de viabilité des systèmes d'exploitation. Haut de la page

    2. L'halieutique: un champ pluridisciplinaire

      L'halieutique, ou étude de la pêche, aborde un domaine à multiples composantes. Elle traite des effets de l'environnement sur la ressource, du comportement des poissons, de la dynamique des stocks de poisson, de l'activité des flottilles, leur nature industrielle ou artisanale, la technologie qu'elles utilisent, leur distribution et leur dynamique. L'halieutique étudie les débarquements, décrit les marchés nationaux et internationaux, la formation des prix, la jurisprudence…

      Si l’on considère qu'une limite des captures est atteinte ou sur le point de l'être, cela oblige à un certain nombre de questions qui devraient être abordées conjointement par ces diverses disciplines (Quensière, 1993, Catanzano et Rey, 1997). Or les disciplines coexistent et chacune conserve sa propre représentation du monde et ses propres critères de viabilité: l’approche des biologistes des pêches est de considérer avant tout les espèces marines exploitées conditionnellement aux activités de pêche ; l’approche des économistes des pêches est de considérer avant tout l’activité de pêche conditionnellement à la dynamique biologique des espèces exploitées. Selon Rosenberg et al. (1993), des biologistes, les ressources marines sont inévitablement surexploitées (souvent de façon irréversible) en partie parce qu’un consensus scientifique sur le statut de la ressource ne peut être atteint. En termes disciplinaires, le problème de la relation ressource - pêche reste donc entier ou ne reçoit que des réponses partielles.

      Nous pensons qu’il n’existe pas une solution à ce problème complexe mais qu’un cadre de compréhension pourrait être construit pour aborder le problème général de la relation ressource - pêche. Ce cadre pourrait être construit autour de la notion de viabilité (voir Encart 1). Pour cela, il convient tout d'abord de développer et conforter plusieurs approches afin de construire une perspective cohérente du domaine. Nous avons réuni un certain nombre d’études pour montrer, à travers quelques thèmes communs, sous quelles conditions l'idée de co-viabilité pouvait intégrer différentes approches et faire le lien entre différentes disciplines. Haut de la page

    3. La viabilité en halieutique: une co-viabilité

    L’activité de pêche implique une relation entre exploitation et ressource. Le problème de la viabilité ne se définit alors pas seulement d’un côté et de l’autre mais aussi dans le couplage entre les composantes naturelles et sociales (Catanzano et Rey, 1997). La question du couplage est ancienne et la réponse toujours difficile : espèces sauvages et prise en compte du biologique dans l’économique, prise en compte de l’environnement dans le biologique. Il existe beaucoup d’interactions entre les différentes composantes et de nombreux paramètres ne sont pas contrôlables. Pour en donner quelques exemples, l’interaction espèces/environnements met en avant la notion d’inertie. Son importance pour la compatibilité des systèmes apparaît aussi pour le couplage ressource/exploitation. En termes de relation ressource/exploitants, les modes de choix définissent l’interaction; c’est à travers elle qu’émergent des processus d’autorégulation de l’exploitation en relation avec la ressource qu’elle exploite (e.g., Weisbush et Duchateau-Nguyen, 1996). En termes de gestion, les logiques publiques/privées, acteurs/gestionnaires entrent en interaction, se confrontent. Le couplage économie/biologie déjà évoqué renforce cette perception de la viabilité des exploitations en tant que co-viabilité de plusieurs systèmes.

    La compatibilité entre systèmes exploités (la ressource) et systèmes d'exploitation implique de considérer l'un et l'autre en termes comparables. La recherche de propriétés communes constitue un préalable à cette approche. En empruntant à diverses études issues de l’écologie, de l’économie ou à la modélisation des systèmes, nous aborderons ainsi des thèmes qui nous paraissent pouvoir être partagés par les disciplines halieutiques : l’inertie et le changement, le rôle fonctionnel de la diversité, les interactions entre échelles globales et locales. Dans un deuxième temps, nous nous interrogerons sur la faillite largement reconnue de la gestion des pêches et, à travers les nouvelles pratiques qui sont actuellement proposées, sur l’apport de la thématique co-viabilité à ce problème.

    Un exemple nous permettra tout d’abord de montrer que la viabilité d'une pêcherie peut difficilement être analysée séparément de son contexte économique, financier, social et politique ainsi que la difficulté pour un système de gestion à favoriser un couplage viable entre ressource et pêcherie. Haut de la page

  2. Un exemple : la pêcherie d'anchois au Pérou

    1. Eléments empiriques

      La Figure 1 présente l’évolution particulièrement mouvementée de la pêcherie d'anchois depuis le début des années cinquante.

      Figure 1: évolution des captures d’anchois au Pérou de 1950 à 1996.

       Cette pêcherie fut la première du monde en terme de volume au début des années soixante-dix. Elle est passée successivement d’une période de " boom " halieutique (de 1950 à 1971), à une période de crise caractérisée par une diminution drastique des mises à terre d’anchois de 1971 à 1985, puis par une reprise des captures de cette espèce qui ont atteint au milieu des années 90 un niveau équivalent à celui du début des années soixante.

      Le démarrage de la pêcherie d’anchois dans les années cinquante a été permis par une conjonction de facteurs favorables. Dès 1955 le Pérou tire profit de la disparition de la pêcherie de Californie pour se positionner comme offreur sur le marché mondial de la farine de poisson. Le démantèlement de l’industrie américaine permet le rachat à bas prix des équipements dont une partie contribuera au lancement de la pêcherie péruvienne. Ce rachat est facilité par l’assistance financière accordée par des organisations internationale (Ueber et MacCall, 1992). Enfin, la perte d’influence du puissant lobby de l’industrie du guano (confronté à la concurrence croissante des engrais chimiques) lève les contraintes politiques qui pesaient sur le développement de la pêcherie d'anchois (ces poissons servant jusque là de ressource aux oiseaux producteurs de guano.)

      De 1955 à 1970 la production augmente jusqu’à près de 13 millions de tonnes dont l’essentiel est destiné à l’industrie de la farine de poisson. Le nombre de bateaux passe d’une cinquantaine en 1953 à plus de 1700 en 1964 et le nombre d’usines passe de 16 à 69 en 10 ans. A la veille de la crise de 1972, les exportations de farine du Pérou représentent 66 % des exportations mondiales et un tiers des exportations totales du Pérou.

      La pêcherie connaît un effondrement des prises à partir de 1972, dont le facteur déclenchant est un phénomène El Niño particulièrement prononcé. L’impact immédiat fut une concentration importante de la ressource à la côte qui permit des prises très importantes (170 000 t par jour en mars 1972 : record historique). Les bancs de poisson se raréfièrent ensuite rapidement jusqu’à la fermeture de la pêcherie en juin (Thompson, 1981). Jusqu’en 1985, les captures d’anchois ne dépasseront jamais 5 millions de tonnes.

      On a pu craindre jusqu’au milieu des années quatre vingt que le déclin de la pêcherie d’anchois serait irréversible. Or depuis 1985 on assiste à un nouvel accroissement des mises à terre qui ont atteint 10 millions de tonnes en 1994. Haut de la page

    2. Le poids des facteurs économiques, politiques et sociaux

      Durant la phase de développement de la pêcherie on a assisté à une juxtaposition de facteurs qui ont contribué à une déconnexion des dynamiques de la ressource biologique et de celles, économiques, de l’activité de pêche et de transformation.

      Un marché en pleine expansion explique l’entrée rapide des investisseurs dans les années cinquante et soixante. La demande mondiale est alors soutenue par le développement de l’élevage industriel, avicole, à la recherche de protéines à bon marché.

      Jusqu’en 1968 le système politique libéral donne une place prépondérante au secteur privé dans les priorités de la politique des pêches. L’absence de financement public pousse les entreprises à une stratégie massive d’endettement international. L’État finit par accorder sa garantie à ces emprunts extérieurs, assurant ainsi les conditions initiales d’un endettement extérieur massif.

      Au poids des facteurs économiques viennent s’additionner ceux des facteurs politiques et sociaux après le coup d’état de 1968 qui amène au pouvoir des militaires à l’idéologie nationale et populiste. Le poids de l’État est alors renforcé dans le secteur des pêches : planification centralisée, réalisation d’infrastructures, institution d’un monopole public sur le secteur, création d’un ministère des pêches, participation ouvrière à la gestion des entreprises. Les captures record de l’année 1970 furent interprétées comme le résultat du bien fondé des premières décisions de développement planifié par la junte militaire.

      Le libéralisme économique (jusqu’en 1968), puis le régime militaro-populiste (de 1969 à 1972) ont tous deux, pour des raisons certes différentes, contribué à un surinvestissement chronique, source d’endettement et d’incapacité à réguler l’activité de pêche face à une ressource très variable. Dès 1970, l’endettement des firmes privées et la nécessité politique de ne pas revenir sur les décisions de planification étatiques du secteur constituèrent des facteurs d’inertie qui empêchèrent de prendre des décisions d’urgence face à la fragilisation de la ressource pourtant soulignée dans les rapports et publications scientifiques. Haut de la page

    3. Un système de gestion orienté vers la conservation

    Depuis 1966, un système de fermetures saisonnières (veda) est appliqué pour protéger la ressource (Hammergren, 1981). Ce système semble fonctionner durant les années caractérisées par des conditions environnementales moyennes. Il n’a cependant pas permis d’éviter la catastrophe de 1972.

    Actuellement le système de deux saisons de fermetures continue à être appliqué, il est complété par la possibilité de fermeture décidée sur la base de critères biologiques (indices d’abondance, indices de reproduction), qui permettent une gestion plus adaptative que le modèle de gestion initial.

    Cette gestion conservationniste, qui a cependant gagné en souplesse et en adaptabilité dans le temps, ne limite pas pour autant le surinvestissement dans le secteur ; elle garantit tout au plus le respect de conditions minimales de renouvellement de la ressource biologique. Haut de la page

  3. Inertie et viabilité des ressources

    A première vue, les fluctuations locales de ressources marines peuvent être perçues comme des anecdotes sans importance qui ne remettent aucunement en cause la survie de l'espèce. L’exemple du Pérou montre ainsi qu'avec des mesures d'aménagement drastiques comme un arrêt total de la pêche, les stocks de poissons peuvent avoir la faculté de reconstituer des niveaux d'abondance antérieurs. Ce n’est cependant pas toujours satisfaisant. Ainsi, les stocks de hareng sont composés de différentes populations qui maintiennent leur intégrité d'une année sur l'autre en conservant chacune des zones de ponte particulières situées sur le fond. En général lorsqu'une zone de frayère a été abandonnée par la population, elle est difficilement recolonisée par les générations ultérieures ou d'autres populations de hareng. Ainsi une concentration de l'effort de pêche sur certaines populations peut conduire à l'extinction des populations locales. Le stock de mer du nord s'est par exemple effondré dans les années soixante-dix pour se reconstituer quelques quinze années plus tard. Cependant le nombre de sites de reproduction a sévèrement diminué pendant cette période (Figure 2). Certains d’entre eux n'ont pas été recolonisés dans la période récente (Corten 1993). Cette baisse de productivité est patente car, si le niveau des captures actuelles est comparable à celui des années soixante, le niveau de biomasse du stock a été réduit de moitié (Serchuk et al. 1996). Ce fut de même le cas pour le hareng du Pacifique, celui de la région d'Hokkaido-Sakhalin depuis 1946 ou bien encore pour le hareng à ponte de printemps d'Islande. L'érosion de la diversité marine intra-spécifique semble donc conduire à un déclin progressif de la productivité des ressources marines sur le moyen terme. Haut de la page

    La théorie écologique "classique" explique la dynamique des ressources en termes de stratégie d’optimisation (Quinn, 1997) : la disparition de sous-populations sur une zone de ponte serait rapidement remplacée par une autre qui profiterait de l’opportunité d’une niche écologique vide (stratégie " opportuniste "). Mais, s'il existait une dynamique de recolonisation rapide entre les différentes populations, l'extinction de populations locales passerait inaperçue. Or, les individus ne recolonisent que très lentement (à l'échelle humaine) les zones ou les environnements qui ont été dépeuplés. En utilisant des arguments écologiques et évolutionnistes, Cury (1994) aborde ce problème en opposant une stratégie " obstinée " des ressources vis à vis de leur environnement de reproduction (voir Encart 2). Haut de la page

    D’après les résultats obtenus, la viabilité de ces systèmes dynamiques impose un compromis entre une dynamique faite d'inertie et d'innovation. Selon Cury et Lepage (1997), une population composée d’une grande majorité d'"obstinés" et de quelques "opportunistes" constituerait une stratégie viable en permettant d'une part le maintien des environnements favorables tout en assurant l'exploration de nouveaux environnements.

    Principe de viabilité et principe d'inertie semblent ainsi intimement liés dans la dynamique de tout système vivant obéissant à chaque instant aux contraintes de l'environnement. Ce fait répond en écho aux travaux d’Aubin (1996) qui qualifie d’évolution viable lourde celle qui consiste à choisir parmi tous les régulons viables celui qui possède la plus petite vitesse. La stratégie de reproduction perçue de cette façon serait alors un processus fondamentalement conservatif éloigné d'une recherche de l'optimalité. Haut de la page

     

    La co-viabilité des pêcheries suppose la satisfaction, pour un horizon de temps donné, des contraintes de reproductibilité de leurs composantes biologiques et économiques. Cela implique que les interactions qui s’exercent au cours d’une même période de temps et entre les périodes de temps successives entre composantes économiques et biologiques ne compromettent pas la viabilité de l’une ou l’autre composante. Dans le secteur des pêches il existe un certain nombre de caractéristiques qui font que ce point n’est pas respecté alors que la dynamique endogène de la ressource semble assurée et/ou que les conditions économiques " instantanées " de rentabilité le soient aussi. Il semblerait alors, à long terme, exister une inadéquation entre les modalités d'exploitation et les modalités de renouvellement des populations qui aboutirait à une diminution progressive de leur capacité de résistance à la pression de pêche (résilience). Concilier ces vitesses d’évolution différentes reste un enjeu décisif et constituerait certainement un progrès pour la gestion des ressources renouvelables. Haut de la page

  4. Diversités et adaptation

    La viabilité de nombreuses pêcheries repose sur l'articulation entre diversité technique et diversité biologique. Ces diversités, et donc ces articulations, s'observent à diverses échelles de temps ; quelques jours en fonction de l'état de la mer et du vent, quelques mois en fonction des saisons, quelques années ou décennies en fonction des modifications des compositions spécifiques, des innovations technologiques, de l'émergence ou de la disparition de marchés... Elles s'observent également à diverses échelles spatiales, du rocher où vivent certains poissons de fond, à l'aire parcourue par les grands migrateurs. C’est le cas par exemple de la pêche artisanale au Sénégal qui se caractérise par une grande diversité de la ressource et des tactiques utilisées par les pêcheurs pour l’exploiter.

    L’exploitation des ressources halieutiques par la pêche artisanale au Sénégal a été marquée par de très profonds changements au cours des quarante dernières années (Chauveau et Samba 1989, Laloë et Samba 1990). Les captures annuelles ont connu un accroissement considérable, passant de 50.000 tonnes environ au début des années 60 à plus de 250 000 tonnes (dont 200 000 tonnes de poissons pélagiques) au début des années 90 (Samba, 1994). Un grand nombre d'espèces sont exploitées : les captures annuelles moyennes sur les dix dernières années ont été supérieures à 1 000 tonnes pour 30 espèces (Samba, 1994). Cette diversité s'accompagne d'une grande variabilité des captures par espèce.

    La motorisation des embarcations dans les années 50 et 60 a précédé un grand nombre d’innovations technologiques majeures. Ainsi, la pêche des espèces de petits pélagiques a connu un développement considérable dans les années 60 (adoption des filets maillants encerclants) et 70 (adoption des sennes tournantes). A la fin des années 70, la durée des sorties auparavant limitée à la journée a pu être prolongée sur plusieurs jours en embarquant des caisses à glace à bord des pirogues, permettant d’exploiter des zones de pêche éloignées, très riches en poissons de fond. Cette exploitation, jusqu’alors réalisée avec des lignes à main, a pu également être développée grâce à l’adoption de palangres de fond à la fin des années 80. Au cours de la décennie en cours, la pêche au poulpe a connu un développement très significatif (Caverivière, 1990), et l’adoption d’une nouvelle technique de pêche au trémail a été réalisée récemment (Charles-Dominique et Diallo, 1996). Haut de la page

    La pêche artisanale sénégalaise soumise ainsi à de nombreux bouleversements reste productive, en expansion. Cette robustesse (ou la viabilité de ce système) s’explique le plus souvent en termes de stratégies adaptatives. Il s'avère que les unités de pêche artisanale sénégalaises ont généralement plusieurs tactiques de pêche à leur disposition et qu'elles peuvent donc choisir à tout moment parmi plusieurs types d'impact (répartition de la mortalité) sur la ressource. Cette mortalité infligée aux diverses composantes de la ressource à un moment donné, est une combinaison de celles engendrées par les diverses techniques de pêche, les poids de cette combinaison étant fonction des décisions des pêcheurs. Ces poids sont variables dans le temps, les mortalités le sont donc aussi. La répartition des choix des pêcheurs et leur aptitude au changement traduite par une grande diversité de tactiques permet de maintenir la pêcherie dans une situation viable malgré un environnement changeant.

    Un modèle statistique a été construit pour rendre compte des relations existant entre diversité des ressources et diversité des tactiques de pêche (Laloë et Samba, 1991, Pech, 1998). Le modèle peut être utilisé sous forme de simulation, avec des paramètres "bio-écologiques" (capacité de charge, taux de croissance), économiques (prix au kg des différentes espèces, coûts de mise en œuvre des diverses tactiques, coûts d’opportunité associées à des activités autres que la pêche), halieutiques (capturabilités et biomasses inaccessibles, critères de choix d’une tactique). Il est possible d’introduire en cours de simulation des modifications traduisant des changements dans l’environnement de la ressource et des pêcheurs (changements de prix, de capacité de charge, de coût de mise en œuvre d’une tactique). Ces changements peuvent correspondre à une augmentation du prix des carburants, une innovation technologique, une interdiction de pêche, etc.

    Les dynamiques issues de ce modèle peuvent être comparées à des données disponibles, et un programme d’ajustement (critère des moindres carrés) peut être utilisé pour rechercher les valeurs des paramètres (ou d’une partie des paramètres). Suivant ce modèle, 43 séries d’activité et de rendements de pêche au Sénégal ont fait l’objet d’un ajustement simultané de données collectées entre 1974 et 1992 (Figure 3).Haut de la page

    Il s’avère que certaines situations, viables dans certaines conditions d'environnement de la ressource et des pêcheurs, cessent de l'être dans d'autres. Au cours du temps, ces conditions changent. Une des conditions de la viabilité de l'exploitation réside alors dans la redistribution efficiente et au bon moment, des différents types d'activité ; c’est à dire, à l’instar des ressources, dans l’adoption d’une stratégie, non pas seulement adaptée, mais adaptative, aux fluctuations qu’elle subit.


    Ainsi, la diversité de l'environnement produit des changements auxquels l'exploitation doit s'adapter. La diversité tactique permet la constitution d'une gamme de choix nécessaire à l'obtention d'une répartition adaptée de l'activité. La capacité d'adaptation d'une exploitation serait donc conditionnée par un niveau de diversité des activités compatibles avec la diversité et les fluctuations de la ressource qu'elle exploite.
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  5. Dynamiques globales et changements locaux

    Les connaissances acquises mettent en avant la nécessité de rendre compte simultanément de dynamiques globales et de changements locaux. Ainsi, en termes climatiques, les modifications météorologiques globales perturbent significativement les conditions environnementales locales. En économie, le marché international est soumis à une forte concurrence où les conditions bio-économiques de production locales ne peuvent se faire valoir (voir Encart 3). En termes institutionnels, les logiques globales de régulation s'affrontent avec les logiques individuelles de productivité, de bien-être ou de survie (Weber et Réveret, 1993). Les effets globaux sur les dynamiques locales, les perturbations locales sur les dynamiques globales constituent, considérés ensemble, un mécanisme essentiel de la dynamique et de l'évolution de ces systèmes.Haut de la page

    On doit ainsi affronter, quel que soit le domaine, l'interaction de variabilité et d'incertitudes exprimées à plusieurs échelles et se combinant. Cependant, malgré plusieurs travaux consacrés à ce thème (e.g., Auger et al., 1992, Mullon, 1994, Durand et al., 1998), aucun mode de représentation n'apparaît pouvoir aborder une telle organisation de façon satisfaisante. Le développement récent des approches dites individus-centrées commence à produire quelques résultats sur l'émergence, tant dans les sciences naturelles (e.g., Kawata et Toquenaga, 1994, Le Page et Cury, 1997) que sociales (e.g., Gilbert, 1992) et quelques uns en halieutique (e.g., Bousquet et al. 1993, Le Fur, 1998). Cependant, elles ne s'attachent encore qu'à l'étude de transferts d'échelle entre un niveau et le niveau immédiatement supérieur (et vice versa) alors que le problème est d'appréhender, globalement et dans le détail, une hiérarchie d'échelles (e.g., Perry, 1995). Haut de la page

     

  6. De nouvelles approches pour la gestion des pêches

    1. Présentation du problème

      La première grande crise bien documentée d’une pêcherie ayant donné lieu à une exploitation industrielle des produits de la mer fut celle de la sardine bretonne au début de ce siècle. Vinrent ensuite celles des sardines californienne et japonaise dans les années 40, puis celles de l’anchois du Pérou (voir section I) et du Chili en 1972. Les raisons invoquées à la faillite de la gestion des pêches sont multiples; imputées (i) à la profession (comportement de prédateur sans discernement), (ii) aux institutions de recherche en charge du suivi du secteur et de l’aide à la décision (dont les évaluations sont considérées trop simplistes), (iii) à l'administration en charge de la politique des pêches (absence de réactivité, mise en œuvre d'instruments de gestion et de contrôle inadaptés), (iv) à des dysfonctionnements institutionnels entre les acteurs (administrations, recherche, opérateurs privés). Cette dernière cause suggère que tous ces problèmes sont liés et participent d'une crise généralisée de l'aménagement des systèmes halieutiques.

      La théorie de la gestion des pêches est dominée par deux paradigmes, qui peuvent tous deux être considérés comme une tentative de rationalisation des activités halieutiques : la rationalisation biologique de l'exploitation, la rationalisation économique de l’exploitation. Haut de la page

      1. La rationalisation biologique de l'exploitation

        Cette démarche est celle issue des travaux fondateurs de l’halieutique biologique actuelle : Schaefer (1954), Beverton et Holt (1957), Ricker (1958). Elle considère qu’il existe dans la nature des conditions optimales relativement stables dans le temps et donc des équilibres et des mécanismes qui contrôlent la dynamique des populations. L'approche permet ainsi de déterminer les niveaux d'activité de pêche qui permettent d’" extraire " une capture maximum, sans compromettre la capacité de renouvellement naturelle de la ressource.

        Il apparaît que les régions ou la gestion sont les plus anciennement fondées sur ce support scientifique (principales pêcheries de l’Atlantique Nord) sont également souvent celles où la situation des pêches est la plus critique. L’exemple le plus caractéristique est celui de la pêcherie canadienne de morue. L’effondrement du stock de morue canadienne du à une surexploitation a donné lieu a un important débat parmi les halieutes, cette pêcherie ayant probablement été l'une des plus étudiées et des mieux " surveillées " (Finlayson, 1994). Elle périclita en dépit de l’instauration d’une ZEE au début des années 80. Cette pêcherie, qui fut l’une des plus anciennes, des plus stables et des plus prospères de l’Atlantique Nord est aujourd’hui fermée et nul n’est capable de prédire le nombre d’années qui seront nécessaires pour que la ressource retrouve un niveau permettant à nouveau son exploitation.

        Face aux effondrements de stocks, nombreuses sont maintenant les critiques qui s’expriment pour affirmer que cette théorie des pêches a failli dans son objectif de gérer et préserver les stocks. Les principales critiques portent sur la logique de ces modèles (ils ne rendent pas compte de la sensibilité des espèces marines aux perturbations environnementales, des interactions pluri-spécifiques, de phénomènes de discontinuités et de changements qualitatifs dans les populations), leur simplisme (les progrès en écologie, en génétique, ainsi que les nombreuses recherches sur les fluctuations climatiques éclairent maintenant mieux la complexité de ces systèmes) et la grande incertitude sur les données et paramètres nécessaires à leur mise en œuvre. Bien que ces modèles apparaissent actuellement insuffisants, ils sont cependant toujours en œuvre, faute d’alternative. Haut de la page

      2. La rationalisation économique de l’exploitation

      Il ne s’agit plus ici de maximiser le volume " soutenable " extrait de la ressource mais d’en optimiser les résultats économiques. La rationalisation économique pour certains auteurs, doit être compatible avec le respect de la contrainte de reproduction de la ressource naturelle (cas du modèle de Gordon-Schaefer (Gordon, 1954, Schaefer, 1954) et de ses développements ultérieurs). Pour d’autres qui s’inspirent de la théorie du capital, le renouvellement de la ressource n’est pas un objectif intrinsèque de la gestion économique. Il s’agit plutôt d’opérer un arbitrage entre les différentes formes d’actifs possibles (gestion de portefeuille). Rien n’interdit ainsi de convertir un actif naturel en un autre actif susceptible de produire des intérêts plus élevés (Clark, 1990). La conservation de la ressource n’est donc garantie que si la société est prête à payer un prix d’option ou d’existence pour la ressource (Desaigues et Point, 1993). Tel n’est généralement pas le cas pour les ressources halieutiques commerciales.

      Pour l'économiste, il est toujours possible de repousser les limites naturelles de la croissance et c'est ce à quoi tendent les modifications de l'activité économique. En effet, il est toujours possible de trouver de nouvelles sources d'approvisionnement qui se substitueront à des produits rares, devenus trop chers. Dès lors qu’une valeur monétaire commence à être attribuée à l’existence même de biens jusqu’à présent sans valeur comme par exemple l’étendue de la biodiversité ou la qualité de l’air, toute pénurie future peut être remplacée par des produits de substitution. Ainsi, une stricte logique économique, au sens libéral du terme, peut conduire à l’extinction, rationnelle, d’une ressource naturelle renouvelable (Clark, 1990).

      D'autres raisons peuvent aussi conduire à invalider le respect simultané des contraintes de reproduction biologiques et économiques, et donc à remettre en cause la survie d’un système de pêche dans un horizon temporel fixé. On doit mentionner tout d’abord l’absence ou l’insuffisance des régulations endogènes pour empêcher le surinvestissement et la surexploitation biologique, phénomène lié par exemple à la tragédie des communaux de Hardin (1968). La possibilité de déphasage entre les vitesses relatives des phénomènes biologiques (qui gouvernent la ressource) et des phénomènes économiques (rythme d’investissement dans le secteur, vitesse de reconversion de l’effort de pêche vers d’autres pêcheries et d’autres ressources). D'autre part, il peut y avoir incompatibilité entre la préférence pour le présent des agents individuels et/ou des décideurs collectifs (taux d’actualisation privé ou social) et la capacité de renouvellement du stock naturel (considéré ici comme un actif naturel susceptible d’être liquidé). Haut de la page

    2. De nouvelles approches pour la gestion des pêches

La masse croissante de ces problèmes a conduit à un mouvement important de remise en cause et, depuis quelques années, apparaissent des propositions pour de nouveaux modes de gestion différents dans leur essence et leur principe de la gestion dite rationnelle et des méthodes scientifiques qui lui sont associées.

Le débat actuel est motivé par différentes perceptions qui sous-tendent des visions différentes de la stabilité et du changement (Holling, 1995). Cinq perceptions peuvent être grossièrement identifiées:

De ces différentes visions découlent naturellement des modes de gestion différents dans leur essence et leur principe (voir Encart 4). En dépit de leur grand intérêt, ces nouvelles voies de recherche n’ont pas atteint, pour l’instant, le statut "de paradigme" des précédentes. Elles n’ont pas, non plus, un statut équivalent dans les sphères administratives et politiques en charge de la gestion des pêches où la problématique de la rationalisation, que ce soit dans sa variante biologique ou économique reste encore à la base de la légitimation des décisions publiques.Haut de la page

Conclusion

Ces quatre dernières décennies nous ont appris que l’exploitation fondée seulement sur des critères biologiques n’était pas viable sur le long terme. Il serait regrettable, voire illusoire, de se dire que finalement, puisque l’homme est incapable de gérer les ressources, le seul avenir de l’exploitation marine soit celui de l’aquaculture (Holmes, 1996) ou, comme certains le préconisent (e.g., Roberts 1997), de transformer la mer en d’immenses réserves naturelles où la pêche deviendrait une activité secondaire : transposer au milieu marin ce que l’on a fait en milieu terrestre traduirait notre incapacité d’utiliser et de tirer parti des ressources renouvelables à bon escient et, par là, un échec profond des relations entre l’homme et la nature. Il ne s’agit pas de transformer les pêcheries et les écosystèmes en les manipulant et les contraignant mais reconnaître leur caractère changeant, évolutif avec des dynamiques propres que l'homme ne peut contraindre.

La théorie des pêches (Beverton and Holt 1957, Ricker 1958), en incorporant l’activité de pêche au sein de modèles écologiques, nous a appris qu’il fallait considérer l’homme comme partie intégrante de la dynamique des systèmes écologiques. Les recherches conduites sur la co-viabilité des systèmes halieutiques reprennent, dans leur esprit, les approches précédemment mentionnées en les enrichissant pour une représentation peut-être mieux articulée de la dynamique de l’exploitation et des relations avec l’environnement.

Ce nouveau cadre dans lequel pourrait s’engager la gestion des ressources renouvelables doit tenir compte du statut particulier de la pêche; la dernière activité où l’homme exploite de façon intense une ressource sauvage. Cependant, la reconnaissance de cette valeur d’existence de la pêche comme une des principales et dernières activités de prélèvement de ressources ne doit pas être contradictoire avec la poursuite de l’exploitation de ces ressources pour la satisfaction des besoins des populations humaines, bien au contraire. Une approche en terme de co-viabilité peut représenter une alternative possible pour résoudre la difficulté de cette confrontation entre conception conservationniste et productiviste.

Si elle permet de mieux comprendre et considérer les contraintes de la co-évolution des systèmes, cette approche ne débouche pas pour l’instant sur des considérations opérationnelles qui pourraient orienter la décision. Tout reste définitivement à inventer, à repenser sur de nouvelles bases, et cela en relativement peu de temps dans le contexte actuel.

Parce qu’elle intègre des concepts transversaux aux domaines tels que la diversité, l’inertie, le transfert d’échelle ; parce qu’elle admet et intègre les théories disciplinaires classiques, parce qu’elle repose sur une perception qui paraît être suffisamment universelle pour être appropriée par l’ensemble des acteurs (opérateurs, gestionnaires, chercheurs) ; parce qu’elle conduit à considérer les nouvelles approches de la gestion comme un ensemble de solutions plutôt que comme des approches concurrentes ; parce qu’enfin, elle est compatible avec la notion de développement durable, la co-viabilité peut permettre de construire ces nouvelles bases. Haut de la page

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Remerciements

Les auteurs tiennent à remercier Nicolas Pech pour son aide dans la présentation du chapitre "diversités et adaptation" ainsi que les relecteurs pour les améliorations qu’ils ont permis d’apporter à ce texte. Haut de la page

Références


crée le 17/06/99