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Rapport de Mission

Symposium ICES/SCOR : " Ecosystem effects of Fishing "

Montpellier – Le Corum – 16-19 mars 1999

Jean Le Fur


I. Déroulement du symposium

A. Session plénière

1. Aperçu des différents types d’écosystème
2.
Aperçu des différents types de ressource
3.
Quantification de l’impact des pêches sur les écosystèmes
4. Perspectives des objectifs écosystémique dans la gestion des pêches
5. Outils de gestion pour atteindre les objectifs écologiques dans les plans de gestion des pêches
6.
Etudes de cas sur les approches actuelles pour atteindre les objectifs écosystémiques
7.
Débat : implications des considérations écosystémiques pour le futur de la gestion des pêches

B. Posters

II. Documentation disponible

III. Commentaire personnel


  1. Déroulement du symposium

    Les contributions soumises étaient toutes présentées sous la forme de posters. Le symposium proprement dit consistait en une seule session plénière où se sont succédés des conférenciers invités. Toutes les fins d’après-midi s’est déroulée une session poster/discussion. Cette organisation me semble tout à fait adéquate, comparée aux colloques où une pléthore de communications oblige à des séances en parallèle et donc des choix souvent difficiles. La succession de conférences invitées permet en outre une progression construite sur la durée du symposium. La présentation sous forme de poster permet enfin de choisir les sujets d’intérêts, d’y passer le temps que l’on souhaite et de discuter avec les auteurs. Toute la session plénière s’est déroulée en anglais sans traduction. De nombreux francophones se sont trouvés lésés par cet état de fait (l’accès au français lors de réunions en France n’est-il pas légalement obligatoire ?)

    1. Session plénière

      La session plénière s’est déroulée en trois phases : la première phase a consisté en un aperçu de la situation des différents types d’écosystème, puis des différents types de ressource. La deuxième sur diverses considérations pour aborder le problème (outils d’analyse, point de vue des acteurs, mesures de gestion disponibles). La troisième phase portait sur la faisabilité (outils, exemples, débat) de cette approche en terme de gestion des pêches.

      Je présente ci-dessous les éléments que j’ai jugé marquants au fil des présentations (ainsi que quelques commentaires en italiques). Une description fidèle du contenu des communications peut être obtenue dans le livre des résumés (disponible parmi les participants IRD au congrès).

      1. Aperçu des différents types d’écosystème

        1. Les côtes et les estuaires (Steve Blaber)
        1. Récifs coralliens (Mac Manus)
        1. Kelp Forest ; forêts d’algues géantes (Mia Tegner)
        1. Mer fermées (J.Caddy)
        1. Upwellings (P.Cury)

Deux questions actuelles ont été présentées :

        1. Mers boréales (S.Tjelmeland)
        2. Mers profondes (T.Koslow)

 

      1. Aperçu des différents types de ressource
        1. Démersaux (G.Bianchi)

Je n’ai pas assisté à la matinée du 17 mars car j’étais au HEA. J’ai donc loupé les exposés de Fonteneau sur les thons, Stevens sur les requins et raies, Reid sur le plancton, Hall sur le benthos et Tasket sur les oiseaux marins.

      1. Quantification de l’impact des pêches sur les écosystèmes.
        1. Définition de la surexploitation d’un point de vue écosystémique (S.Murawski)
        1. Pêche, sélection et évolution phénotypique (R.Law)
        1. Espèces en risque d’extinction par la pêche (R.Powles)
        1. Ecopath comme outil d’évaluation (D.Pauly)

Note sur la démarche : D.Pauly semble être l’objet en France de nombreuses critiques (manque de rigueur de " ses " logiciels, approche commerciale agressive, …). Pauly devient cependant incontournable dans l’approche écosystémique en halieutique, en témoigne le nombre de fois où les exposants ont fait référence à ses travaux. Malgré un manque possible de rigueur (qui me paraît devoir être pondéré selon les différentes cibles de publication qu’il vise, des publications Iclarm à Tree, Fish Reviews, Science, etc.), il apparaît que les bases de connaissance qu’il a pu progressivement accumuler sur les écosystèmes (EcoPath) et les espèces marines (FishBase) lui permettent à présent de développer des approches comparatives à un niveau très global, approches qui permettent d’obtenir des connaissances très pertinentes sur les réponses des écosystèmes. Certaines de ses publications (une vingtaine par an ?) constituent déjà des clés de voûte pour la recherche dans ce domaine.

Plus généralement, la manipulation de grosses bases de données pour extraire de nouveaux types de connaissance est en train de prendre de plus en plus d’importance (voir aussi les travaux de la FAO). On peut se demander si un effort de compilation et de mise en correspondance des informations originales acquises depuis 50 ans dans notre institut ne mériterait pas d’être développé dans cette perspective.

        1. Les modèles multi-spécifiques améliorent-ils les modèles mono-spécifiques pour évaluer l’impact des pêches sur les écosystèmes ? (A.Hollowed)
        1. Indicateurs de la stucture des communautés utilisés comme mesure d’impact (J.Rice)
        1. Indicateurs de durabilité et mesures de la santé des écosystèmes (N.Daan)

 

      1. Perspectives des objectifs écosystémique dans la gestion des pêches

        (pas de résumé fourni pour ces interventions)

        1. Perspectives d’une ONG (T.Agardy)

 

        1. Perspective d’un gestionnaire du gouvernement (N.Bellefontaine, remplacé par ??)

L’énumération exhaustive de tous les concepts à la mode laissait plus l’impression d’une leçon bien apprise que d’une réelle réflexion sur les problèmes à traiter (et l’on sait qu’au Canada, ils sont graves).

        1. Perspective d’un pêcheur industriel (P.Soisson)

Ce point de vue a été je pense assez salutaire en permettant de relativiser les enjeux (i.e., définis au sein d’une communauté scientifique pour une communauté scientifique) dont il était ici question depuis le début du colloque.

        1. Perspective d’un ministre des pêches (P.Bernal)
      1. Outils de gestion pour atteindre les objectifs écologiques dans les plans de gestion des pêches.
        1. Instruments légaux et changements liés à la gouvernance (E.Meltzer)

        1. Instruments économiques (R.Arnasson)

Ces modèles sans cesse remis sur la table par certains économistes ont certainement conduit à des résultats notables (ce sont eux qui gouvernent le monde il me semble). Ils laissent cependant toujours l’impression désagréable de modèles qui se tiennent sur le plan théorique mais qui paraissent trop simplificateur pour que l’on puisse y trouver un lien suffisant avec la réalité.

        1. Modification d’engins (P.Stewart)
        1. Aires marines protégées (R.Sumaila)
        1. Mise en œuvre de stratégies de gestion opérationnelles pour atteindre les objectifs de gestion écosystémique des pêches (K.Sainsbury)

      1. Etudes de cas sur les approches actuelles pour atteindre les objectifs écosystémiques
        1. L’expérience européenne (K.Richardson)

K.Richardson présente l’état de l’approche écosystémique pour la zone ICES.

        1. L’expérience du CCAMLR (A.Constable)
        1. L’expérience américaine (D.Fluharty)
        1. L’expérience du Sud-est asiatique pour limiter la pêche au cyanure (C.Barber & V.Pratt)
        1. L’expérience des Philippines en gestion côtière intégrée (L. Talaue – Mc Manus)

Cette table ronde rassemblait des gestionnaires de différents pays ou zones : UE, Norvège, USA, Canada, Australie, Afrique du Sud. Chacun a présenté la façon dont la pêche était gérée ainsi que son point de vue sur l’approche écosystémique présentée tout au long du colloque.

Les points de vue différents qui se sont succédés ont bien montré que les approches sont très différentes d’une région à l’autre :

Comme souvent, la discussion finale s’est engagée sur de multiples sujets indépendants mais rien de vraiment consensuel n’a pu émerger.

NB : Un intervenant oral a présenté ce qu’étaient pour lui les connaissances majeures qui étaient sorties du colloque. Son intervention était brillante mais tout à l’écouter je n’ai rien noté. Si quelqu’un a cette information pourrait-il la transmettre ?

    1. Thèmes récurrents

      Les thèmes qui sont le plus souvent revenus étaient : les indicateurs, la diversité (diversity, richness, evenness), le manque de connaissance sur les dynamiques en jeu, les espèces " charismatiques ", les espèces clés de voûte (keystone species).

      On aura aussi noté que la pléthore de nouveaux acronymes pourrait témoigner d’une explosion de nouvelles approches. Il semble cependant que malgré cette profusion, les problématiques convergent presque toutes vers un maximum de 3 ou 4 approches telles que précaution, conservation, participation, gestion intégrée.

    2. Posters

Je n’ai pas pris beaucoup de notes lors des posters. M’étant surtout intéressé aux posters traitant de méthodologie, j’ai cependant  noté:

  1. Documentation disponible
  1. Commentaire personnel

Dans le futur, il me semble que si l’approche écosystème est prise en compte dans la gestion, ce sera moins dans la gestion institutionnelle des pêches, qu’à travers l’influence ou le pouvoir grandissant que prendront les lobby écologistes (ONG) et/ou par la pression de l’opinion publique qui est de plus en plus informée (Cf. expo sur la mer de Lisbonne 98). Quel sera le rôle de la recherche dans ce nouveau contexte ? S’adaptera-t-elle avec vigueur, se transformant en recherche-action au détriment d’une progression des connaissances ? Maintiendra-t-elle son statut avec pour corollaire une vitesse d’évolution qui sera forcément en deçà de celle du changement effectif ?

L’aperçu que l’on a pu avoir dans ce colloque indique que les deux voies sont empruntées, le transfert direct a montré qu’il pouvait conduire à des résultats probants en terme de réduction du " carnage " (expression de Pauly, 1999). D’autre part, malgré l’océan d’inconnu qui reste à explorer, il semble que l’on perçoit désormais beaucoup mieux la nature des problèmes à traiter. Et " identifier le problème, c’est trouver la solution ".

Conakry, Avril 99.