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Colloque de clôture de l’action incitative Dynamique et usages des Ressources Renouvelables. Orléans, 16-17 octobre 1996


Introduction
Présentation du colloque

  1. Evolution de l'action incitative et de ses thèmes (C.Mullon)
  2. THEME I artificialisation des milieux (modéré par J.M. Betsh et Y.Gillon)
  3. THEME II Organisation sociale (G.Dupré et J.Boutrais)
  4. THEME III Décisions et stratégies dans la gestion des ressources naturelles (C.Chaboud et M.Antona)
  5. THEME IV Science et aménagement (C.Mullon et P.Cury)
  6. Discussion finale

Conclusion


Introductionhaut de la page

Le colloque de clôture de l’action incitative Dynamique et Usage des Ressources Renouvelables s’est tenu à Orléans les 16 et 17 octobre 1996. La réunion se tenait près du laboratoire Ermes, dans un amphithéâtre du BRGM. La quasi totalité des résumés était disponible au cours du colloque sous la forme d’un document relié.

Le voyage et la mission ont été financés par l’action incitative. Le document joint " modélisation de décisions individuelles dans une exploitation halieutique " est le texte de la publication rédigée à cette occasion et en prévision du livre à paraître. Le directeur du BRGM a ouvert le colloque suivi par Gérard Dupré.

Présentation du colloquehaut de la page

AVERTISSEMENT: les interventions ont été retranscrites telles que je les ai comprises. J’espère ne pas avoir trahi la pensée de leur auteur.

Evolution de l’action incitative et de ses thèmes (C.Mullon)haut de la page

Il semble qu’au début de l’action incitative on pensait que la dynamique de la ressource était le plus important à considérer. Il s’avère maintenant que c’est l’usage. Des thèmes ont ainsi perdu de l’importance (e.g., la variabilité) alors que d’autres en ont pris.

Quatre nouveaux thèmes ont été définis en 1996. Ils subdivisent les projets soutenus par l’action incitative et structurent la réunion (une demi-journée par thème).

  1. L’artificialisation des milieux: le milieu naturel est en équilibre et il est perturbé par l’Homme. Il s’agit normalement d’un paradigme dépassé. mais l’est-il vraiment ?

    Une question surgit: l’artificialisation est-elle un processus particulier à la ressource renouvelable ?

  2. L’organisation sociale: y a t-il des formes d’organisation sociale (pratiques, savoirs) propres aux ressources renouvelables ?

  3. Décisions et stratégies dans la gestion des ressources naturelles. Ce thème vise à traiter de la formalisation des processus de décision autour des ressources renouvelables. Il s’avère en effet que pour l’usage de ces ressources la forme de la décision n’est pas arbitraire.

  4. Science et aménagement ou la relation chercheurs - aménageurs.

C.Mullon évoque enfin l’édition d’un document de clôture de l’action. Pour la rédaction finale de chaque thème dans l’ouvrage, il sera possible d’envisager d’organiser une réunion spécifique. L’objectif à atteindre est de parvenir à la fin du processus d’édition au premier trimestre 97.

Les exposés des participants à l’action incitative commencent alors. Je n’ai commenté ici que les exposés pour lesquels j’ai pris des notes. Les parenthèses en italiques sont des commentaires personnels.

THEME I artificialisation des milieux (modéré par J.M. Betsh et Y.Gillon)haut de la page

Y.Gillon soulève le problème de la réversibilité de ce processus. En termes de réponse, l’artificialisation est elle graduelle, brutale, partielle ou totale ?

Une approche quantitative pourrait consister à comparer les fonctions d’un système artificialisé avec les mêmes systèmes mais naturels.

Le Mire Pêcheux et al. ont exposé un cycle temporel d’activité où se succèdent jachère, brousse, défrichement, champ, abandon.

J.P. Lescure dans le cadre de son projet sur l’extractivisme en Amazonie évoque un emboîtement de dynamiques.

Dans le cadre de son apport au thème, il compare anthropisation qui définirait l’impact des activités humaines (selon un principe de causalité) et artificialisation qui traduirait un acte volontaire (selon un principe de finalité). Il en déduit alors que l’artificialisation sera plus difficile à aborder par l’écologie.

La discussion générale s’est poursuivie sur la différence existant entre artificialisation et anthropisation. Un parallèle est aussi introduit entre anthropisation et domestication (modification telle que le produit ne peut se reproduire sans intervention humaine). Gillon pose enfin un paradoxe en demandant si la conservation des milieux naturels ne serait pas le comble de l’artificialisation.

THEME II Organisation sociale (G.Dupré et J.Boutrais)haut de la page

C.Aubertin et F.Pinton présentent une réflexion sur la conservation et le développement à partir de l’exemple de l’extractivisme en Amazonie. Le fait que les populations locales doivent prendre en charge leur ressource y est désormais considéré comme un lieu commun. Ce sur quoi M.Rieu demande si l’on pense que les populations locales soient de bons gestionnaires ou si ce n’est ce pas en fait une défausse ?

Pour initier le débat général sur le thème, G.Dupré constate l’opacité du réel face à nos capacités d’investigation. Verdeaux demande si les systèmes traditionnels doivent être assimilés à des systèmes de gestion de la ressource. Il répond non...mais ce que gèrent les systèmes sociaux ce sont des rapports sociaux dont le rapport au milieu est essentiel. Il conclue que si les rapports sociaux sont bien gérés, alors la ressource l’est aussi. Et ceci, même si elle n’est pas gérée de façon optimale au sens où les biologistes le voudraient.

THEME III Décisions et stratégies dans la gestion des ressources naturelles (C.Chaboud et M.Antona)haut de la page

Trois communications sur les quatre que comportait le thème portaient sur la pêche artisanale, une (D.Hervé) sur la jachère dans les Andes.

Y. Poncet, n’ayant pu techniquement présenter de cartes décrit sa perception de géographe vis à vis de ce thème. Dans son approche, elle vise des éléments dotés de caractéristiques et assurant un processus: l’eau saisonnière constitue le moteur, les poissons invisibles le produit, les pêcheurs mobiles les acteurs. De l’expérience du delta central du Niger est apparu de nouvelles perceptions telle que: " la ressource est constituée par l’ensemble du delta et non plus uniquement par les stocks de poisson ". De même une direction stratégique pour la gestion serait d’après elle de viser à " conserver les espaces efficaces du système de production ".
De son point de vue, les transformations se cristallisent au niveau local, communautaire; elles sont réalisées dans des espaces réseaux plus que dans des espaces mosaïques.

la présentation de D. Hervé donne quelques suggestions quand à la compréhension de la décision. L’importance, sinon la nécessité, de normes s’établit à travers l’existence de décisions communales et familiales. Dans le cadre de la décision, il semble de même que les aspects conjoncturels priment sur les aspects structurels.

M.Antona, à la suite de cet exposé souligne en outre que l’usage des ressources fait le plus souvent appel à du multi-usage. Dans le cas décrit, la ressource est le sol mais c’est aussi le travail. Elle demande enfin comment cette dynamique de l’usage est liée à une dynamique de négociation.

Mon exposé tentait de traiter de la décision à travers différents aspects et modèles de décision et de négociation développés au sein du projet MOPA,

C.Aubertin a relevé des incohérences dans la procédure d’élaboration des prix,

C.Chaboud souhaiterait qu’y soit représentées les décisions collectives,

C.Mullon évoque la nécessité de développer un discours sans ambiguïté pour décrire ce type de modèle (par exemple, parler comme je l’ai fait de robots pêcheurs plutôt que de pêcheurs),

M.Antona pense nécessaire de prendre en compte la mémorisation des acteurs sur une semaine écoulée par exemple. Cela permettrait selon elle, grâce à l’apprentissage, d’éviter les catastrophes telles que décrites dans une des simulations présentées en résultat.

C.Aubertin s’offusque du fait que l’on n’ait pas plutôt représenté le système de rémunération à la part alors que, d’après elle, tout le monde sait qu’il est déterminant.

F.Laloë présente un bref résumé sur l’apport de la table ronde " questions sur la dynamique de l’exploitation halieutique " au thème. Il développe ensuite, à partir de recherches en statistiques effectuées avec N.Pech, une réflexion sur l’importance de la gamme de choix dans le processus de décision.

Lors de la discussion sur le thème, C.Mullon souligne que le problème généralement rencontré dans les modèles actuels est l’absence de décideur. Bien que d’après M.H.Durand la question ne soit pas là, C.Chaboud tient à réaffirmer le fait contesté que, à un niveau global, le décideur existe. Un scientifique étranger que je ne connais pas intervient pour demander une discussion sur le choix des méthodes de représentation à retenir pour le problème que l’on se pose. Il demande ainsi la valeur de l’individualisme méthodologique (mode de représentation des phénomènes et des processus au niveau de l’acteur).

La discussion sur ce thème clôt sur une constatation/interrogation: tout ce qui n’est pas interne au processus de décision apparaît comme une contrainte (négociation, médiation, etc.).

THEME IV Science et aménagement (C.Mullon et P.Cury)haut de la page

Ce thème a semble-t-il posé des problèmes à presque tous les participants de ce groupe.

M.C. Cormier-Salem rend compte de l’expérience DUM (Dynamique et Usage des Mangroves) qui s’est avérée très positive, permettant notamment de mieux connaître ces milieux particuliers, leur importance économique et sociale pour les pays qui en disposent. Il en ressort que les mangroves ne seraient pas fragiles mais sensibles. Elles sont robustes, et présentent une dynamique remarquable faite de progression et de régression (telle une marée).
P.Cury demande lors de la discussion si ces questions scientifiques fortes telles que les questionnements sur la stabilité, l’instabilité sont compatibles avec l’aménagement.

P.Morand et F.Bousquet présentent ensuite les résultats obtenus en matière d’aménagement avec le modèle multi-agent développé dans le cadre du projet Delta Central du Niger. Pour eux, l’aménagement consiste à élaborer des règles de partage, des normes, des modalités d’exploitation.

L’objectif initial de leur projet était de construire un outil pour mettre en commun des connaissances, puis, d’essayer, avec cet outil, de revisiter la dynamique des populations dite classique. Des simulations sont effectuées autour de thèmes et en considérant trois types de scénarios d’accès à la ressource: (i) accès libre et rationalité économique, (ii) partage de l’espace dans le temps et appropriation (i.e., partage social) et (iii) accès limité.

Les résultats obtenus peuvent être utilisés pour (ré)examiner les préoccupations qui sont de deux types: (i) productivistes (e.g., modernisation) ou (ii) conservationnistes (e.g., protéger la ressource).

De cette recherche naît la perception d’une pêche considérée comme le prélèvement d’une production annuelle (la cohorte de l’année). Cette production annuelle dépend de la pulsation de crue mais très peu des niveaux antérieurs de la ressource. Dans ce contexte, ils envisagent (i) une gestion intra-annuelle qui concerne le partage entre pêcheurs d’un flux fini de poisson, et (ii) à long terme, une gestion qui consiste à assurer la reproduction de l’écosystème.

Dans ce contexte se dessinent deux domaines de décision: la gestion sociale du partage d’une part et la conservation de l’environnement (i.e., des mécanismes producteurs) d’autre part.

C.Roy décrit le travail réalisé dans le cadre du stockage de connaissances sur l’environnement. Le CDROM COADS qui couvre la grande majorité des océans est présenté. Largement utilisé au sein du réseau CEOS notamment, il permet de produire des connaissances nouvelles. Le problème reste cependant posé de l’utilisation judicieuse de ces données compte tenu des nombreux biais susceptibles d’être rencontrés lors de la manipulation de telles bases. Pour corriger ce point, les données sont fournies avec deux niveaux de détail, l’un pour le traitement courant, l’autre pour la vérification de la qualité (e.g., conditions d’obtention des données).

Lors de la discussion sur le thème de la session, C.Roy met en avant qu’il est important de pouvoir répondre aux questions qui sont posées (dans son cas, que faire vis à vis de l’instabilité des ressources).

Discussion finalehaut de la page

Conclusionhaut de la page

Au plan des critiques négatives, je regrette le passage à vide qu’a connu l’AI pendant plus d’un an ainsi que la non utilisation de certains documents de réflexion que l’on nous avait demandé de rédiger.

Ceci mis à part, les organisateurs laissèrent suffisamment de place pour que les discussions sur les exposés et les discussions générales par thème puissent avoir lieu. Cette organisation s’est avérée très bénéfique pour la réflexion et l’échange. Le document regroupant les contributions a été fourni dès le début du colloque; présenté avec clarté et homogénéité, presque complet, il s’est avéré très utile et agréable à consulter. Les exposés ont bien montré que les sujets avaient été mûris et bien mûris depuis le début de l’action incitative. Les débats et les questions m’ont ainsi paru, le plus souvent, d’un haut niveau, apportant parfois des résultats novateurs.

Le bilan s’avère donc positif sur de nombreux points tels que la pluridisciplinarité, la communication entre thématiques distinctes au sein d’un même institut, les rebondissements sur le thème III, l’initiation d’une dynamique et la possibilité de développer des réflexions en profondeur (relations société - nature, décision, gestion). Le principe de l’action incitative constitue en cela un instrument important dans la dynamique d’un institut scientifique type EPST.


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